* De gauche à droite, rencontre entre Kim-Jong-Un et Xi Jinping, missile Nord Coréen, déploiement conjoint Corée du Sud-USA, le Président Trump.
L’imprévisibilité, un égo surdimensionné et une mégalomanie assumée sont les points communs entre Trump et Kim-Jong-un. Ces deux dirigeants usent d’une politique étrangère agressive pour atteindre leur but. Qu’attendre d’une rencontre entre deux personnages qui suivent une ligne dure(1). Leurs objectifs divergent, mais ils ne sont pas incompatibles. La présence de la Chine, troisième participant non avoué de ce sommet compte bien peser dans les débats.
La Corée du Nord souffle le chaud et le froid depuis l’arrivée du dernier Kim. La relance du programme nucléaire et sa réussite apparente ouvre une nouvelle page de la diplomatie dans la région(2). La dynastie au pouvoir s’en trouve renforcée. La protection du pays assurée, tous les sacrifices consentis par le peuple n’ont pas été vain. La suite serait une sortie de l’isolationnisme pour garantir aux Nord Coréens une amélioration significative de leur vie quotidienne. Aussi robuste et conditionné soit-il, un peuple ne peut supporter des décennies de privations et de surveillance sans contrepartie(3). En négociant avec l’arme atomique et la protection de la Chine, Kim-Jong-Un cherche une entrée dans le concert des nations sous les meilleurs auspices(4).
Depuis la fin de la guerre en 1953, la Corée du Sud profite de la protection américaine. L’affirmation de Pyongyang en tant que puissance nucléaire à part entière présente un danger(5). Bien qu’improbable, le régime stalinien peut attaquer sous couvert de la protection atomique pour réunifier le pays. Le plus plausible est un futur ancrage économique avec le Nord et une multiplication des échanges diplomatiques(6) à l’issu d’un sommet réussi. Une réunification entre le régime capitaliste honni et la dictature des Kim paraît impossible à court et moyen terme. L’Amérique présente dans la péninsule depuis plus d’un demi siècle ne souhaite pas l’émergence d’une puissance nucléaire alliée de la Chine. Une dénucléarisation du Nord avant tout pourparlers s’avère obligatoire. La guerre commerciale avec la Chine amorcée par Trump depuis quelques semaines montre que la maison blanche n’est pas prête à des concessions. Tout comme la nomination de l’ancien directeur de la CIA(7) au secrétariat d’état (équivalent du ministère des affaires étrangères en France) augure une ligne dure.

Système de défense Antimissile américain THAAD lors d’un test au Pacifique – France24 –
Pour la Chine une guerre serait un désastre, le régime Nord Coréen ne peut soutenir une guerre face aux USA. Une réunification de la péninsule Coréenne sous influence américaine à la frontière chinoise serait une catastrophe. Sa suprématie grandissante dans la région en pâtirait(8). La rencontre entre les deux dirigeants communistes assure une ligne commune lors des discussions(9). Protégé de la Chine, Kim-Jong-Un ne peut se permettre de déborder de la ligne prôné par Pékin sous peine de perdre son assurance vie.
Le sommet prévu fin mai cristallise toutes les attentions, le risque de guerre n’est pas à exclure. La Chine ne soutiendra pas une attaque de la Corée du Nord, mais elle la défendra si elle est agressée. Pour Trump, la dénucléarisation apparaît comme la condition absolue comme base de négociation. Jusqu’à présent le locataire de la maison blanche n’a pas hésité à recourir à la force quand il le fallait, comme en Syrie ou en Afghanistan(10). Une chose est certaine, le statut quo touche à sa fin. Reste à savoir qui va marquer la péninsule coréenne de son influence pour les cinquante prochaines années.
(1) Kim-Jong-Un affiche une ligne dure que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur. Il en est ainsi du fonctionnement de la Corée du Nord, ou la moindre concession serait vu comme une faiblesse. Pour Donald Trump, son agressivité tient plus au personnage qu’à une ligne politique. Quoi qu’on en dise, elle a aboutit à l’organisation d’un sommet.
(2) Le clivage Nord-Sud marque la péninsule Coréenne depuis l’armistice de 1953, avec en toile de fond la lutte d’influence entre la Chine et les Etats-Unis. Le futur sommet sonne la fin de cette ère, reste à savoir qui l’emportera.
(3) Le peuple Nord coréen souffre de privation pour la sauvegarde de la nation, la finition du projet nucléaire assure une protection définitive. Dès lors pourquoi le peuple doit continuer à se sacrifier ?
(4) Kim-Jong-Un utilise l’arme atomique comme outil de négociation. En échange de son abandon, il souhaite une sortie de crise pour la Corée du Nord en contournant un maximum de sanctions.
(5) Les boucliers antimissiles THAAD récemment installé en Corée du Sud donne une garantie, mais elle n’est pas absolue. Il suffit qu’un missile passe.
(6) Une montée en puissance de la diplomatie s’effectue depuis quelques mois, afin de préparer le terrain à un sommet. https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/quatre-questions-sur-le-rapprochement-diplomatique-entre-la-coree-du-nord-et-la-coree-du-sud_2542177.html
(8) Pékin use de son économie et de sa puissance militaire pour la constitution d’un pré carré en mer de chine. Une péninsule coréenne sous influence américaine risque fort de contrarier ses plans.
(10) Pour l’Afghanistan : https://www.20minutes.fr/monde/2049827-20170414-video-afghanistan-etats-unis-larguent-mere-toutes-bombes-daesh
Pour la Syrie :